Pardonne mon coeur ; Joey

Tant de couleurs, tant de chaleur. Tant de douceur, tant de douleur. Et l'amour, et l'amour, dans son cœur. Sans façon. Sans contrefaçon. Et l'amour, autre part, effacé.

Il sursaute légèrement, et son regard danse sur le champ de tournesols.

Un deux trois un deux trois. Au rythme de ses pas il dansait dans le vent. Un deux trois un deux trois. Au rythme de son coeur ses pensées s'échappaient, volaient vers d'autres temps. Le bai s'arrêta d'un coup, tendit l'encolure et huma l'air. Un équidé ! Il reprit sa danse en trois temps, cherchant du regard l'inconnu.

Les beaux jours, et le soleil qui lui brûle la peau. Et là bas, un être brille, il étincelle. De sa robe baie, chatoyante, il s'avance.
Jeroen le fixe, un instant, mais il reste silencieux, et immobile. Il n'en a que faire.

En voyant la silhouette de l'autre, il cesse de danser. Son pas se fait simple, efficace, sans fioritures. Il s'arrête à quelques pas de lui, il est intrigué par ce mâle à la robe sombre. Joey pencha la tête sur le coté, tout doucement, comme s'il avait peur qu'un oiseau effrayé s'envole. Le mâle pencha alors la tête de l'autre coté, pour avoir une vision plus globale de l'être en face de lui. Et enfin, il se redressa.

Bonjour.

Début de conversation trop banale. Et pourtant, de son pas de danse, alors qu'il s'avançait vers Jeroen, il lui avait fait croire à quelque chose de nouveau, quelque chose de mieux. Mais ce n'était qu'une illusion. Micha détourne le regard, portant plus d'attention aux tournesols hypnotisés par le soleil, qu'au jeune étalon venant le connaître.

Joey fit comme si l'autre avait répondu, souriant simplement. Il se faisait l'illusion d'une compagnie qui, enfin, le sortirait de l'abîme où il tombait. Peut être que cet étalon n'était que le fruit de son hallucination, mais il s'accrochait à l'espoir qu'un jour l'enfer cesserait.

J'aimerais seulement comprendre pourquoi j'ai été doté de la vie, pourquoi je respire et je parle, pourquoi je peux avancer.

Il fit une pause et sourit plus largement.

Il daigne lui jeter un coup d’œil.

- Philosopher, c'est apprendre à mourir. Pourquoi chercher une finalité, une raison ? La vie est ainsi.

Joey sourit, heureux d'entendre une voix, de voir quelqu'un de bien réel. Le mâle se balança de droite à gauche, chantonnant une mélodie.

Vous avez certainement raison mais... La curiosité pousse souvent à mourir.

Il détourne le regard.

- Ceux qui meurent, sont les moins intelligents.

Joey se mit à trotter autour de lui en souriant.

Pourtant nous mourrons tous. Cela veut il pour autant dire que nous sommes tous idiots ? Mais si nous sommes idiots... Cette discussion vaut elle la peine d'être faite ?

Il le fixe, sans vraiment réagir.

- Ceux qui meurent, par curiosité, sont des idiots.

Joey s'arrêta et soupira.

D'accord. Ca n'avance en rien mon problème.

Il ne répondit rien d'abord, puis porta son regard sur le bai.

- Il n'y a pas de raison à la vie. Et il ne faut pas en chercher une.

Joey sourit simplement et le regarda, pétillant

Si ce n'est que ca alors...

Micha reste silencieux à présent, il soutient le regard de cet étalon bai.

Joey se balança, tout sautillant et impatient.

Alors t'es quiii ?

Micha ne savait pas comment prendre la question. Aussi répondit-il par un écho.

- Qui êtes-vous, vous ?

Joey sourit simplement.

Pourquoi répondre à une question par une question ?

- N'est-ce pas ce que vous faites, à l'instant ?

Il sourit, se balançant.

Je sais bien mais pourquoi ne pas me répondre ?

- Je vous ai répondu. Par une question.

Jeroen courba l'échine.

Joey soupira et ferma les yeux.

Vous n'etes pas amusant.

Jeroen relève la tête, légèrement.

- Je ne suis pas là pour vous amuser.

Joey ferma les yeux.

J'aimerais juste vous voir sourire.

- Alors amusez-moi.